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La vie de la maison

10 coups de coeur avec mes hôtes

Parfois, et j'adore cela, les journées 4 saisons avec mes hôtes réservent de belles surprises et des expériences qui valent bien des sourires et des enchantements indélébiles.


1 - Comme cette petite famille parisienne qui a eu la surprise de trouver les vaches du voisin sur leur terrasse. Elles avaient passé la clôture. Nous avions terminé le petit-déjeuner. Et de tout façon, les enfants étaient trop excités et effrayés en même temps, d'aller avec papa, maman, le voisin des vaches et moi, aider pour les ramener dans leur pré plutôt que de finir leurs tartines. Nous avons marché, et couru aussi, en agitant les bras pour diriger les vaches du bon côté du barbelé. Le petitou, cinq ans environ, tentait de faire comme nous et revenait vite se pendre au bras de son papa. Ces grosses bêtes étaient vraiment trop impressionnantes. Tout fiers d'avoir renvoyé les vaches dans leur enclos, ils ont affirmé que leur fin de vacances, sur le chemin du retour en ville, serait marqué par ce joli moment en pleine ruralité.


2 - Il y a eu aussi cette famille -je m'en souviendrai toute ma vie !- de six enfants venus de la région de Marseille, en transit vers la Bretagne, puis au retour de leurs vacances, ont aussi fait étape à la maison. Cinq filles et un petit garçon de sept mois et demi. Le petit passait de bras en bras, comme s'il avait 6 mamans, avec un sourire jusqu'aux oreilles. Ils étaient sages comme des images. L'ainée, 15 ans, sous ses airs timides, m'a tout de même demandé au deuxième séjour un autographe de l'auteure de La Passe Miroir, le célèbre livre qui illustre l'une des chambres à l'étage. Je lui ai bien sûr accordé cette faveur en contactant Christèle Dabos que je connais. En récompense, nous avons eu droit à un mini concert de flute traversière au moment du dessert.


3 - Et puis ce couple Tchèque venu en suivant les panneaux sur leur Harley Davidson flambant neuve. Vêtus de pied en cap à l'effigie de leur moto, tee-shirt, veste, casque, on aurait presque dit qu'ils en faisait la pub. Ils faisaient le tour de l'Europe, roulant au gré de leurs envies. Ce que m'a dit l'homme en aparté m'a beaucoup émue ; sa compagne était atteinte d'un cancer et ils voulaient croquer la vie autant que possible et se faire plaisir un maximum. Son amour pour elle m'a beaucoup touchée.


4 - Instant magique lorsqu'un chevreuil s'est aventuré dans le jardin. Nous étions à table avec un couple cinquantenaire. J'avais remarqué la veille qu'elle avait une très bonne vue car elle avait déjà détecté dans le pré, près de la grande haie d'arbres, la silhouette d'un renard. Ils avaient le goût pour la faune sauvage et admiraient déjà les rapaces qui volent régulièrement au dessus de la maison. Et là, il n'y a pas eu l'ombre d'un doute lorsqu'elle nous a dit : "regardez, il y a un chevreuil tout près !". En effet. C'était la première fois qu'un animal sauvage se montrait à nos yeux ravis à quelques vingt mètres de la véranda. Certes, il y avait déjà eu les passages d'un lièvre, d'un faisan ou même d'un écureuil, mais pas encore de ce bel animal. Nous l'avons admiré un long moment avant que, n'y tenant plus, j'ai voulu m'approcher pour le photographier. Il m'a vue, a jappé, fais trois bons, m'a regardé, inquiet, puis en un saut majestueux repassé la clôture en jappant encore. Admirable !


5 - On dit souvent que d'accueillir les animaux et notamment les grands chiens, on risque plus de dégâts qu'à l'ordinaire. Que nenni ! Il est venu de Paris, deux chiens de compétition, un bouvier bernois et un terre-neuve. De splendides et sages animaux, habitués à être contenus dans un appartement, leur placidité n'est pas légendaire ; c'est un fait. Se déroulait une épreuve de nage de sauvetage pour ces deux athlètes à poils dans un lac des environs. Leurs maîtresses en avaient la parfaite maîtrise. Mes trois chats, même s'ils se sont enfuis dans leur coin, n'ont pas du tout été inquiétés par ces gentils toutous.


6 - Peu de temps après le déconfinement, en 2020, j'ai reçu un couple dont l'homme était en fauteuil roulant. La fraîche trentaine, je me suis étonnée à leur arrivée qu'ils n'aient pas approché la voiture pour décharger leurs bagages et le fauteuil comme on fait d'habitude dans ces circonstances. Là, aucun problème pour rouler dans l'herbe et ils m'ont rassurée que ce n'était pas un souci, avec un sourire absolument désarmant. A l'apéritif, nous faisons connaissance et ils me racontent qu'ils avaient commencé à faire le tour du monde avant que la pandémie ne les obligent à rester en France. En attendant d'avoir de nouveau la possibilité de reprendre leurs aventures, ils en profitent pour faire un petit tour de France. C'est ainsi qu'ils se sont retrouvés chez moi. Ils avaient déjà parcouru toute l'Amérique du Sud, avec l'île de Pâques et puis l'Océanie, Australie et Nouvelle Zélande. J'ai admiré le beau tatouage zélandais sur le bras de Pierre. Fan du Seigneur des Anneaux, je les ai pressés de questions sur les sites du tournage des films et la Comté, le village des Hobbits, dont le décor a été pérennisé et visitable. Comme j'ai très envie de construire un "trou de Hobbit" sur mon terrain, qui plus est de l'adapter en PMR, ils m'ont promis de revenir si c'était le cas. Voilà qui me motive encore plus de parvenir à mon rêve. Ce sont des instagrammeurs. @Wheeled_world, Myriam et Pierre, aventures en fauteuil. Et c'est en découvrant leur page que j'ai compris qui ils étaient vraiment. Dans leur grande modestie, ils ne sont pas affichés ainsi ; Pierre est un rescapé du Bataclan.


7 - Mes premiers marcheurs vers Compostelle. Précisons d'amblée qu'il y a 15km pour trouver le célèbre chemin de la coquille Saint-Jacques. Ce couple d'Allemands, partis de la région de Munich à pieds en compagnie de leur chien, ont fait ce grand détour pour venir faire une étape à la maison. Ils m'ont raconté leurs déboires pour trouver des logements qui les accueillent avec leur chien. Ils ont dû zigzaguer largement depuis l'Allemagne pour trouver un endroit où dormir tous les jours. Quelle épreuve pour eux ! Tant de marche supplémentaire. Ils sont partis début août et ils comptaient arriver à Compostelle pour Noël. J'étais heureuse de leur offrir le réconfort tant mérité avec un bon lit et un bon repas.


8 - Ils sont nés et ont grandi dans la maison. J'ai reçu 3 couples dont les femmes vivaient ici alors que c'était une ferme, pendant et après guerre. Ils m'ont raconté le confort très sommaire, le travail avec les vaches, la neige en abondance, aller à l'école à pieds ou en bus, les wc dans le poulailler, la chambre du commis, la ribambelle d'enfants qu'ils étaient, les voisins, comme une grande famille. Et puis le couple qui a dormi de nouveau dans leur chambre nuptiale ! Un week-end nostalgie pour eux, une belle histoire pour moi. Je croise encore Solange de temps en temps au marché. Ils vivent encore dans les environs et sont tous à la retraite, bien sûr.


9 - Des rats et des chats dans la maison ! Evelyne et Richard connaissent la maison par coeur. Ils sont venus pour démarrer les rénovations, ils ont vu grandir Tigrie et Tigrou, mes chats, avec Gribouille, leur maman. Ils ont peint les murs et les volets, monté les lattes des sommiers, planté des patates, et même ouvert de nouveaux chemins de randonnées et trinqué au champagne au jour de l'an.  On ne peut pas faire plus habitués ! Plusieurs fois, ils sont venus avec leurs rats. Et les scènes de rencontre, cage interposée (soyons prudents) entre les rats et les chats sont toujours très amusantes.


10 - Ce couple franco-japonnais avec leurs deux enfants, venus en famille d'Allemagne pour des funérailles. Le papa du papa vivait en Pays d'Urfé. J'ai été très émue lorsque la maman nous a montré l'une de ces jolies traditions japonaises, celle des origamis. Tout d'abord, elle nous a offert, à Valérie et à moi, l'un de ses pliages en forme de cygne, en nous expliquant que les origamis étaient à la fois des présents et des sortes de prières/mantras/offrandes, un geste spirituel que les japonais font très souvent. Elle a sorti de son sac un paquet de feuilles carrées toutes prêtes et nous en a donné une, puis, elle nous a montré étape par étape comment nous devions plier pour obtenir un cygne. J'ai gardé cette belle offrande encore longtemps sur l'étagère de la véranda jusqu'à ce qu'un vent d'été l'emporte au loin.


Ce sont tout ces plaisirs de rencontres qui font de ce métier une passion qui ne s'épuise jamais. Chaque nouvel invité est une surprise et une découverte hors du commun, une histoire sans cesse renouvelée et peu commune à travers le récit et les expériences de chacun. Tous ces partages qui depuis huit ans m'enchantent, ne cessent de m'étonner à chaque nouvelle rencontre.